(extrait, page 73)
"Pour tenter de déceler avec une approximative sûreté l'apparition et les premiers développements du cinématographe dans notre pays, le moyen le mieux approprié qui s'offre à nous après plus d'un demi-siècle consiste, je crois, à feuilleter avec patience les journaux de l'époque. Il est évident que les renseignements que nous pouvons y puiser ne présentent qu'un intérêt très local. Mais si des chercheurs entreprennent ce travail dans toutes les villes de quelque importance, il deviendra aisé d'en dresser une synthèse de caractère national.
Il faut remarquer, à ce propos, que les méthodes d'implantation du cinématographe dans la vie sociale ne varient guère du cité à cité ; une étude conduite à un endroit déterminé nous donne, par conséquent, la possibilité de généraliser sans de trop grands risques d'erreurs. C'est pourquoi, d'emblée, après la simple lecture attentive des quotidiens à Lausanne, nous pouvons affirmer que le phénomène cinématographique a pris racine en Suisse selon le même processus que dans la plupart des pays qui nous entourent.
[...]
Or, le cinématographe a commencé par être une curiosité et une attraction de foire : seuls quelques mois séparent donc la soirée parisienne du 28 décembre 1895, au Salon indien du Grand Café, des exhibitions de vues animées organisées dans le cadre de l'Exposition nationale de Genève au printemps 1896.
A Lausanne, la presse accorde peu d'importance à cet événement apparemment minuscule. Pas un seul des chroniqueurs ne devine que s'annonce la plus prodigieuse révolution du spectacle des temps modernes [...]."
Freddy Buache