(extrait, pages 10-11 du livret)
"Quand je remonte à mes premiers souvenirs de cinéma, Michel Simon a d'abord incarné la figure du grand-père idéal. En effet, je l'ai vu pour la première fois dans Le Vieil homme et l'enfant de Claude Berri, en 1967. Enfant moin-même, je n'avais pas tout compris de cette histoire de garçon juif caché en campagne chez un vieux couple de bons français... Mais la figure tour à tour bourrue et attachante de cet immense acteur me l'a fait aimer à jamais. Je l'ai revu ensuite, enfant toujours, dans Drôle de drame de Marcel Carné, Boudu sauvé des eaux de Jean Renoir, La Beauté du diable de René Clair ou L'Atalante de Jean Vigo. J'ai passé avec lui du rire aux larmes, toujours fasciné par son visage malléable, son corps immense, sa voix ronde.
François Simon, que je n'ai découvert que quelques années plus tard, reste pour moi indissociable de L'Invitation de Claude Goretta, regardé sur un téléviseur noir et blanc (alors que le film est en couleur)... Son personnage d'Emile, le majordome à la nationalité mystérieuse et au regard impénétrable, m'est resté à jamais. Il est là et s'impose tout en restant invisible, comme un fantôme. Plus tard, je l'ai découvert dans Le Fou de Claude Goretta encore, dans Charles mort ou vif d'Alain Tanner ou encore en Rousseau toujours pour Goretta... Son visage fin et tourmenté est celui d'un poète. Sa voix, calme, subtile, est celle du rêve éveillé."
Frédéric Maire
La Cinémathèque suisse et la Radio Télévision Suisse fêtent dans ce coffret DVD les trajectoires exceptionnelles de Michel et François Simon. Tous deux sont nés à Genève, se sont révélés au théâtre avant de connaître des destins remarquables au cinéma. Les circonstances de la vie ont souvent tenu père et fils éloignés l'un de l'autre. Les films et documents édités ici pour la première fois révèlent plutôt ce qui les rapprochaient, dans la vie et à l'écran.
La Vocation d'André Carel, tourné sur les bords du Léman par Jean Choux en 1925, montre Michel Simon dans son premier rôle important au cinéma. Le film fait l'objet d'une mise en musique originale par le Quintet Inutil, qui a composé une partition pour l'occasion. Quant à François Simon, on le retrouve dans Le Fou, premier long métrage de Claude Goretta, tourné à Genève en 1970, et qui a contribué à faire de lui une figure incontournable du nouveau cinéma suisse. Des documents rares complètent ce coffret : Les Simon père et fils (1995) et François Simon, la Présence (1986) réunissent captations de théâtre, extraits de films et témoignages. Sans oublier les interviews de Michel Simon et Claude Berri à la sortie du Vieil homme et l'enfant (1967), film qui a fini de propulser le comédien dans la légende.