(extrait, page 5)
"La Cinémathèque suisse et le Musée de l'Elysée sont heureux de s'associer à La Cinémathèque française pour présenter au sein d'une importante rétrospective le travail extrêmement riche, parfois inédit, de Gus Van Sant.
Le médium photographique a toujours eu une place importante dans l'oeuvre de l'artiste américain : ce dernier cite ainsi régulièrement le photographe William Eggleston, pionnier de la photographie couleur dans les Etats-Unis des années 1970, comme l'une de ses principales sources d'inspiration. Son film Elephant (2003), qui s'inscrit à la jointure entre fiction et documentaire, expose d'entrée de jeu cette rencontre entre photographie et cinéma. Ce dialogue intervient dans la narration elle-même, volontairement non linéaire, et à travers le personnage d'Elias, jeune photographe qu'on suit dans toutes les étapes de son travail, de la prise de vue au développement en chambre noire ; mais également par l'originalité même de la réalisation : l'habileté de Van Sant à la mise en scène, son cadrage non conventionnel - on retiendra notamment l'usage d'un long plan-séquence à la vue subjective - témoignent de l'approche résolument photographique du cinéaste. Plus généralement, les films de Van Sant proposent d'une manière quasi systématique une expérience cinématographique singulière, du fait notamment de l'enchevêtrement d'images issues de la photographie, de la télévision, de la vidéo, du super-8 et des jeux vidéo. Artiste multidisciplinaire et touche-à-tout de grande créativité, Van Sant est également peintre, romancier, poète et musicien. Il a réalisé des clips (David Bowie, Elton John, Tracy Chapman, etc.) et a produit notamment Kids (1995), film d'un autre photographe cinéaste, Larry Clark."
Tatyana Franck et Frédéric Maire