(extrait, page 7)
"La présente étude du mouvement néo-réaliste italien envisagé comme expérience singulière de cinéma social est partisane ; mais son parti pris initial en fait justement tout le prix puisqu'il répond avec une parfaite honnêteté, par un continuel chassé-croisé de l'objectif et du subjectif, aux injonctions de l'unique motivation critique vraiment vivante : celle qui se découvre à la lumière de la raison dialectique. Raymond Borde et André Bouissy ont mis en commun, dans la même passion de comprendre, leurs respectives sommes de savoir qui se complètent de manière heureuse : tous deux aiment également le cinéma mais, profesionnellement, l'un connaît mieux le cinéma que l'Italie tandis que l'autre connaît mieux l'Italie que le cinéma. Par leur intelligente, lucide et enrichissante collaboration, ils replacent les réalisations cinématographiques de la péninsule au cours de ces quinze dernières années dans un contexte historique, économique, politique et social ; ils dégagent les origines du néo-réalisme à partir des courants véristes de la littérature italienne et organisent leur analyse démonstrative sur quelques thèmes de fuite vers l'inauthentique (Strapaese, Straccità, le pittoresque complaisant et ravageur) et sur les principaux sujets parfois courageusement authentifiés par les cinéastes les meilleurs, donc les plus conscients (problèmes agraires, sous-emploi urbain, condition de la femme en particulier)."
Préface par Freddy Buache