(extrait, page 21 du livret)
"Les pionniers du cinéma (suisse) romand
Dans le cadre de mes activités, j'ai souvent eu l'occasion de dialoguer avec des professionnels du cinéma étrangers. Tout en me demandant des nouvelles du cinéma suisse contemporain dont les auteurs qui font 'Bande à part' sont un réjouissant exemple, ils citent invariablement les noms des auteurs du Groupe 5 comme étant l'incarnation par excellence du cinéma helvétique.
[...]
D'un côté, ce cinéma de cinéphiles nourris au Ciné-club universitaire de Genève s'inscrit dans un mouvement de rébellion qui saisit tout le cinéma européen. Entre le Free Cinema et la Nouvelle Vague, nos jeunes auteurs se révoltent à la manière des Anglais et des Français contre la 'qualité suisse' des films évoqués plus haut. Ils affirment une liberté de ton et de style, un ancrage dans le ici et maintenant (en particulier la ville) qui leur apportent pertinence, mordant, fraîcheur et légèreté.
De l'autre côté, il est important de souligner que ce cinéma s'inscrit dans un territoire en friche. Car contrairement à la Suisse alémanique qui possède en 1960 une modeste 'industrie' du cinéma, la Suisse romande, au même moment, ne possède guère que la Cinémathèque suisse et la Télévision naissante. A l'exception de quelques films réalisés dans les années 1920 et 1930 par des étrangers de passage (le Belge Jacques Feyder, le Russe Dimitri Kirsanoff) ou quelques courageux pionniers comme Jean Brocher ou Jean Choux (parti bien vite à Paris), il n'y a guère que le cinéaste documentariste neuchâtelois Henry Brandt pour donner une voix romande au cinéma suisse dans les années 1950."
Frédéric Maire
Comment cinq Genevois talentueux mais fauchés, dans une Suisse frileuse et inquiète du pouvoir des images, ont-ils inventé à la fi n des années 1960 le « nouveau cinéma suisse » ? Ce coffret DVD, qui réunit les archives exceptionnelles de la Radio Télévision Suisse et de la Cinémathèque suisse, donne et illustre la réponse : précisément en mêlant gens de cinéma et de télévision. Claude Goretta, Jean-Jacques Lagrange, Jean-Louis Roy, Michel Soutter et Alain Tanner, associés dès 1968 au sein du Groupe 5, ont travaillé simultanément pour le petit et le grand écran, alternant oeuvres de fiction et reportages documentaires, se nourrissant de ces expériences parallèles pour créer un style unique.
Ce coffret illustre ces allers-retours avec deux longs métrages de fi ction restaurés à partir du négatif original (L’Inconnu de Shandigor, de Jean-Louis Roy et Les Arpenteurs de Michel Soutter) suivis de trois documentaires rares et eux aussi restaurés (Docteur B. médecin de campagne d’Alain Tanner, Les motards de Claude Goretta et La dernière campagne de Robert Kennedy de Jean-Jacques Lagrange).
A découvrir aussi : des portraits des cinéastes du Groupe 5 réalisés par plusieurs cinéastes romands (Dominique de Rivaz, Betrand Theubet, Emmanuelle de Riedmatten et Jacob Berger), des bonus et un livret illustré de 96 pages avec des documents montrant, outre les réalisateurs au travail, de nombreux acteurs parmi lesquels Serge Gainsbourg, Jean-Luc Bideau, Marie Dubois, Jacques Denis et François Simon.
DVD 1
L'Inconnu de Shandigor de Jean-Louis Roy (1967, 95')
Les Arpenteurs de Michel Soutter (1972, 85')
DVD 2
Les motards de Claude Goretta (1972, 40')
Docteur B., médecin de campagne d'Alain Tanner (1968, 61')
La dernière campagne de Robert Kennedy de Jean-Jacques Lagrange (1969, 52')
DVD 3
Claude Goretta, portrait de Dominique de Rivaz (2013, 26')
Jean-Jacques Lagrange, portrait de Bertrand Theubet (2015, 30')
Jean-Louis Roy, portrait de Bertrand Theubet (2015, 34')
Michel Soutter, portrait de Emmanuelle de Riedmatten (2012, 27')
Alain Tanner, portrait de Jacob Berger (2012, 28')
Making of de L'Inconnu de Shandigor (1967, 29')
Interview d'Alain Tanner (1968, 4')
Ciné-journal suisse no 1642 (1975, 6')