Charles Reinert (1899-1963) fit ses débuts de critique cinématographique dans le Basler Volksblatt en 1938. Sous sa direction se développa le bureau cinématographique de l'Association populaire catholique suisse, créé à Lucerne en 1938. Fondateur de la revue Filmberater en 1941, il mit sur pied un fichier cinématographique. Conseiller de la commission pontificale pour le cinéma et collaborateur de l'Office catholique international du cinéma, Reinert soutint le nouveau média sur les plans culturel et éthique et s'employa à l'associer aux idées catholiques de son époque. A l'époque du nazisme et durant la Deuxième Guerre mondiale, son influence morale sur le cinéma suisse fut manifeste.
Le livre d'autographes de Charles Reinert est un document d'archive d'un genre particulier : de 1946 à 1960, l'ecclésiastique et amateur éclairé du cinéma, Reinert, a recueilli des signatures de représentants de l'Église catholique ainsi que de cinéastes et acteurs·trices de son temps : des protagonistes du cinéma hollywoodien comme Orson Welles ou Liz Taylor ; des représentants du cinéma d'avant-garde comme Hans Richter et Alberto Cavalcanti ; Henri Langlois, directeur de longue date de la Cinémathèque française ; des figures formatrices du cinéma d'auteur européen comme Federico Fellini et Giulietta Masina ou les cinéastes suisses Leopold Lindtberg et Heinrich Gretler. Reinert voyage avec son livre et participe à des avant-premières en Suisse, des congrès cinématographiques et des festivals. Il assiste par exemple régulièrement au Festival international du film de Venise.
Le livre d'autographes témoigne ainsi de nombreuses rencontres et dessine un riche réseau de personnes et de lieux. L'histoire de l'Église catholique y est combinée de manière exemplaire avec l'histoire du cinéma européen et américain. C'est aussi un document de l'après-guerre et pointe les enchevêtrements entre l'art et la politique à travers les signatures d'émigré·e·s et d'exilé·e·s - comme Peter Lorre et Thérèse Giehse, qui ont travaillé en Suisse pendant la Seconde Guerre mondiale - mais aussi, comme Kristina Söderbaum ou Alfred Bauer, qui ont fait carrière au sein du système national-socialiste.
(source : Dictionnaire historique de la Suisse, DHS)